폴 리쾨르가 사망했군요.

1913년생이니까, 향년 92세군요.

장수한 데다가 철학자로서 세계적인 명성을 떨쳤으니, 행복한 삶을 살았다고 봐야겠죠.

우리나라에도 책이 몇 권 번역되어 있는데, 리쾨르는 외국에서도 그렇고 국내에서도 대중들에게는

별로 친숙하지 않은 철학자여서 주의깊게 읽은 분들이 그리 많지 않을 것 같군요.

 

아래는 [르몽드] 5월 22일치 기사입니다.

다 번역했으면 좋겠지만, 그럴 시간이 없다는 ... 죄송. ^^;;;

 

<폴 리쾨르, 모든 대화에 참여한 철학자>

Paul Ricoeur, philosophe de tous les dialogues
LE MONDE | 21.05.05 | 13h56  •  Mis à jour le 21.05.05 | 14h01
Le philosophe français Paul Ricoeur (ici à Paris, le 11 juin 2003) ne peut pas être enfermé dans une école ou un courant précis. | AFP/MARTIN BUREAU
AFP/MARTIN BUREAU
Le philosophe français Paul Ricoeur (ici à Paris, le 11 juin 2003) ne peut pas être enfermé dans une école ou un courant précis.

프랑스 철학자 폴 리쾨르(2003년 6월 11일 파리에서 찍은 사진)는 어떤 특정한 학파나 사조에 결코 갇혀 있지 않았다.

Le philosophe Paul Ricoeur, âgé de 92 ans, auteur de "Temps et récit", est mort vendredi 20 mai, à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine).

{시간과 이야기}의 저자인 철학자 폴 리쾨르가 (센강 상류의) 샤트네-말라브리에서 지난 5월 2일 금요일 92세를 일기로 사망했다.

Né à Valence (Drôme) le 27 février 1913 dans une famille de vieille tradition protestante, Paul Ricoeur perd ses parents alors qu'il est encore enfant. Pupille de la nation, il est élevé par ses grands-parents. C'est à son professeur de terminale, Roland Dalbiez (l'un des premiers, en France, à avoir écrit sur Freud), qu'il doit sa vocation philosophique. Devenu professeur à son tour après un travail de maîtrise sur "le problème de Dieu chez Lachelier et Lagneau" et après avoir été reçu à l'agrégation de philosophie, il est mobilisé en 1939. Fait prisonnier en mai 1940, il passe l'essentiel de la guerre dans un oflag en Poméranie. Après la Libération, il est nommé à l'université de Strasbourg où il enseigne de 1948 à 1957 : dix années qui, ainsi qu'il l'écrira plus tard dans son autobiographie, Réflexion faite (Seuil, 1995), demeurent "les plus heureuses de (sa) vie universitaire".

En 1957, il occupe la chaire de philosophie générale à la Sorbonne puis, en 1965, rejoint la toute jeune faculté des lettres de l'université de Nanterre, dont il devient doyen en 1969. Tout en faisant courageusement face à ses responsabilités administratives, Ricoeur, qui a déjà été choqué par Mai 68, vit assez mal les événements qui marquent les premiers mois de 1970 sur le campus de Nanterre, alors livré aux agissements de toutes sortes de factions violentes. Victime d'attaques injustes et même d'agressions physiques, déçu par l'incompréhension du gouvernement aussi bien que par l'impossibilité de moderniser les structures de l'enseignement supérieur français, il finit par démissionner de son poste de doyen (1970). Il s'exile alors pour trois ans à l'Université catholique de Louvain, avant de regagner Nanterre où il enseigne à nouveau jusqu'à sa retraite (1981).

Celle-ci lui permet de se consacrer plus intensément à sa seconde carrière, aux Etats-Unis, notamment à l'université de Chicago où, depuis le début des années 1970, il est invité chaque hiver. Il continue par ailleurs, jusqu'à la fin de sa vie, à consacrer une part importante de son temps à la Revue de métaphysique et de morale (qu'il a dirigée) ainsi qu'à l'Institut international de philosophie, et à recevoir de très nombreuses invitations émanant d'universités du monde entier (entre autres, plus de trente doctorats honoris causa).

Humaniste aux vastes connaissances, attentif à la littérature autant qu'aux sciences humaines (ainsi qu'en témoignent les textes réunis dans les trois volumes de Lectures publiés par le Seuil), voyageur ouvert à la culture anglo-saxonne aussi bien qu'à la tradition allemande, Paul Ricoeur est un homme difficile à enfermer dans une école ou un courant précis. Le christianisme, la phénoménologie, l'herméneutique, la psychanalyse, la linguistique et l'histoire ont, dans des proportions variables, contribué à la formation de sa pensée. Mais si celle-ci appartient, pour le dire vite, à la mouvance de l'existentialisme chrétien et du personnalisme, elle ne se laisse pas aisément réduire à un système.

Les premières influences qui s'exercent sur Ricoeur sont celles d'Emmanuel Mounier (1905-1950) et de Gabriel Marcel (1889-1973). Dès sa fondation par Mounier (1932), il devient un lecteur assidu de la revue Esprit, à laquelle il collaborera fréquemment après la guerre. Mais c'est d'abord chez Marcel que Ricoeur découvre le modèle d'une réflexion philosophique faisant une place centrale à la question religieuse sans pour autant renoncer à la rigueur conceptuelle. C'est grâce à Marcel, également, qu'il s'initie à partir de 1934 à la phénoménologie, en particulier à l'oeuvre d'Edmund Husserl ­ dont il traduit pendant ses années de captivité le premier volume des Idées directrices pour une phénoménologie pure (Gallimard, 1950) ­ et à celle de Karl Jaspers (1883-1969), auquel Ricoeur consacre son premier livre, Karl Jaspers et la philosophie de l'existence (Seuil, 1947), écrit en collaboration avec Mikel Dufrenne.

Puis, pour obtenir son doctorat tout en donnant à ses inquiétudes de chrétien préoccupé par le thème de la faute une réponse digne des exigences de la méthode phénoménologique, Ricoeur entreprend une vaste Philosophie de la volonté dont le premier tome (Le Volontaire et l'Involontaire) paraît en 1949, les deux suivants (L'Homme faillible et La Symbolique du mal) étant ultérieurement réunis sous un titre unique, Finitude et culpabilité (Aubier, 1960).

Au fil de ces trois volumes, les questions classiques dont part Ricoeur (comment peut-on vouloir le mal ? Qu'est-ce que la mauvaise foi ? Quel est le sens d'un acte involontaire ?) l'amènent peu à peu à explorer, derrière la couche superficielle de la conscience, les profondeurs de l'inconscient individuel aussi bien que celles de l'univers symbolique dans les termes duquel les grandes religions s'efforcent de penser le problème du mal. C'est ainsi qu'il rencontre simultanément psychanalyse et herméneutique.

A l'époque, ces deux disciplines d'origine germanique sont mal connues en France. De Friedrich Schleiermacher (1768-1834) à Hans-Georg Gadamer (1900-2002) en passant par nombre de théologiens protestants, l'herméneutique s'efforce d'appliquer les outils de l'exégèse biblique aux contenus de la philosophie morale. La psychanalyse, par d'autres voies, remet en question le narcissisme du cogito classique. De l'une comme de l'autre, ainsi que des travaux de son ami Mircea Eliade, Ricoeur retient l'idée que la réalité humaine est avant tout constituée de symboles dont le déchiffrement est en droit interminable. Et c'est cette intuition qu'il développe dans ses deux livres suivants ­ qui, sur le moment, ne sont pas toujours bien compris : De l'interprétation, essai sur Freud (Seuil, 1965) et Le Conflit des interprétations, essais d'herméneutique (Seuil, 1970).

Avec la question du symbolisme, Ricoeur (qui n'ignore pas l'enseignement de Lacan mais demeure étranger aux préoccupations antihumanistes du structuralisme) touche déjà le problème du langage. Il faudra cependant le poids d'une désillusion politique (liée aux obstacles rencontrés dans ses fonctions de doyen) pour que le philosophe, partiellement expatrié aux Etats-Unis, entreprenne de se consacrer plus à fond à l'étude des sciences linguistiques.

Progressivement accompli durant les années 1970, ce "tournant" lui permet d'être l'un des premiers Français à entamer le dialogue avec la philosophie analytique alors triomphante dans le monde anglo-saxon (notamment avec la "philosophie du langage ordinaire" inaugurée par John L. Austin et poursuivie par John R. Searle). Il débouche aussi sur deux ouvrages importants : La Métaphore vive (Seuil, 1975) et Temps et récit (trois volumes, Seuil, 1983-1985). Si le premier de ces deux travaux envisage la métaphore sous l'angle de la création de sens et de l'enrichissement qui en résulte pour le texte littéraire, Temps et récit, en revanche, dépasse de loin l'analyse linguistique. Au-delà de la réflexion sur l'écriture du passé qui s'y déploie, c'est la question même de la connaissance historique, de son statut et son apport de vérité qui s'y trouve posée.

Certes, un livre d'histoire relève toujours de la catégorie du récit, même lorsque son auteur entend ­ - tel Fernand Braudel ­ - pourfendre l'histoire événementielle pour lui substituer la "longue durée". Mais ce récit n'est pas une forme narrative pareille aux autres. Au-delà de la"mise en intrigue" à laquelle s'exerce l'historien pour faire revivre le passé, c'est de notre réel qu'il nous parle. Le passé, en effet, ne nous appartient que dans la mesure où nous lui appartenons, où notre action présente s'inscrit dans la continuité d'une mémoire. Bref, dans la mesure où, pour les individus comme pour les peuples, l'identité n'est pas un donné mais une construction indéfinie, dont le temps est le seul médium possible.

Quelques années plus tard, Ricoeur s'attelle dans un livre difficile, Soi-même comme un autre (Seuil, 1990), à un effort héroïque pour sauver l'idée d'une philosophie universelle susceptible d'embrasser tous les aspects de l'agir humain. L'analyse ­ - sémantique et pragmatique ­ - de la notion de "sujet" et l'esquisse d'une ontologie de la "personne" (ou d'une "herméneutique du soi") que propose ce travail se rejoignent en effet pour se mettre au service d'une éthique dont la formulation demeure, pour Ricoeur, une exigence de la raison pratique. Cette exigence, le philosophe doit s'efforcer de la satisfaire sans pour autant renoncer à son indépendance vis-à-vis de sa propre foi aussi bien que de toute idéologie théologique ou politique : tâche ardue, dont les difficultés sont bien mises en évidence dans les dernières études consacrées par Ricoeur à John Rawls (1921-2002) et à Hannah Arendt (1906-1975), et réunies sous le titre Le Juste (éditions Esprit, 1995).

Il apparaît ainsi que l'étude du langage, bien loin d'avoir été une fin en soi, n'a jamais constitué pour l'auteur de Temps et récit qu'une autre façon de poser les questions qui le hantaient depuis longtemps : celles de l'être et de l'action. Nostalgique d'une ontologie que Nietzsche semblait pourtant avoir disqualifiée, aspirant à trouver dans la raison éthique les règles de la vie"bonne" , homme constamment soucieux de son époque même s'il s'est toujours méfié de tous les engagements, Paul Ricoeur aura en somme incarné jusqu'à leurs extrêmes conséquences les déchirements qui sont ceux de la pensée humaniste depuis le début du XXe siècle.

Cette authenticité tragique, qui éclaire d'un bout à l'autre son long parcours intellectuel, fait aussi de son oeuvre un témoignage exemplaire sur la"crise" de notre modernité. Et sans doute est-ce sa valeur de "témoignage" q ui explique que cette oeuvre, après avoir été (comme celle de son ami Emmanuel Levinas) quelque peu méconnue par le monde intellectuel français, suscite depuis le milieu des années 1980 un regain d'intérêt particulièrement vif en France, et plus encore dans le reste du monde.

Christian Delacampagne
Article paru dans l'édition du 22.05.05

 


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瑚璉 2005-05-25 10:46   좋아요 0 | 댓글달기 | URL
프랑스어 무번역, 나빠요~(-.-;).

krinein 2005-05-25 18:24   좋아요 0 | 댓글달기 | URL
흠. 이제 도스의 리쾨르 전기를 살 때가 되었다는 생각이 드는 군요(실은 <<법의 힘>>은 데리다 사망에 즈음해 구입했었지요^^;;). 한데 이 책도 번역에 대한 소문이 엇갈려 망설이는 중입니다..

balmas 2005-05-25 22:30   좋아요 0 | 댓글달기 | URL
크흐흐흐흑,
호정무진님 죄송합니다. 올리지 말 걸 그랬나봐요.
쥴님은 제 서재에서는 처음 뵙는 듯한데, 초면에 실례가 많습니다. 죄송 ... -_-a
글쎄요, 정말. 도스 책이 있죠. 값이 무려 3만 8천원이나 하네요. 저는 절대
사서 보지는 않을 것 같습니다.

luce21 2005-05-25 22:53   좋아요 0 | 댓글달기 | URL

 

 

참세상에 기사가 보여서 퍼왔어요. ^^

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현상학자 폴 리쾨르, 92세를 일기로 영면

 

프랑스 철학의 주류와 거리두기, 외려 미국에서 더 인정 받아
윤태곤 기자 peyo@jinbo.net
장 폴 구스타브 리쾨르, 92세를 일기로 영면

해석학자 폴 리쾨르
 AFP 통신
프랑스 철학자 폴 리쾨르가 지난 20일(프랑스 현지 시간) 92세를 일기로 영면했다. 폴 리쾨르의 아들 마르크는 그의 아버지가 파리 서부, 샤트나이 말라부이에 있는 자택에서 자연사했다고 프랑스 언론을 통해 밝혔다.

1913년 2월 27일 프랑스 남동부의 발랑스에서 태어난 폴 리쾨르는 렌 대학과 소르본느 대학에서 철학을 공부했다. 렌대학 졸업 직후 교사 생활을 하던 리쾨르는 1940년, 프랑스의 많은 지식인들과 마찬가지로 전쟁 포로로 잡혀 포로 수용소에 수감되었으나 이 기간 동안 야스퍼스의 감화를 받고 현상학자 후설의 ‘Ideen(이념들)’을 번역해 현상학자로서의 일생을 시작했다.

68혁명기 ‘정부의 협력자’라는 비판 듣고 미국으로 옮겨 강의

종전 이후 프랑스 국립과학연구소의 연구원을 거쳐 1948년 부터는 스트라스부르 대학에서 철학사를 강의하기 시작했고 1956년에는 소르본느 대학으로 자리를 옮겼다. 1966년에는 파리 교외의 낭테르 대학으로 옮겨 학장으로 선출되기도 했지만 전 세계적으로 급진적 학생운동이 몰아쳤던 1968년 독실한 개신교 신자이며 일면 반공주의자적이기도 한 그의 보수적 면모가 학생들과 충돌했고 그는 프랑스 청년들로부터 ‘정부의 협력자’라는 비판을 들은 끝에 낭테르 대학을 사임했다. 이후 뤼뱅 대학을 거쳐 미국으로 건너간 뢰쾨르는 시카고 대학과 예일대학등지에서 강의했다.

특히 시카고 대학에서 15년간 몸을 담으며 리쾨르는 미국 철학과 사회과학에 관심을 보이기 시작했다. 리쾨르는 1985년 공식적으로 대학에서 은퇴했으나 은퇴 후에도 활발한 연구, 저작 활동을 펼쳤고 '의지적인 것과 비의지적인 것', '시간과 이야기', '자유와 본성', '타자로서의 자기 자신‘등 20여 권의 저서를 남겼다.

구조주의, 해체주의와 거리를 둔 보수적 면모를 지닌 해석학자

해석학자로서 리쾨르는 기존 문학 연구의 시간 연구를 종합해 시간의 주제와 형식 양 측면에서 통합하는 면모를 드러냈다. 리쾨르는 평생에 걸쳐 어떻게 한 사람이 그가 직면하는 세계에서 벌어지는 사건들을 인식해서 자신의 진실을 형성해나가는지에 대해 연구했다. 그것이 바로 텍스트로 향하는 리쾨르의 해석학이었다. “객관성이라는 말의 정의는 ‘논리적’인 정의에서 ‘윤리적’인 정의로 변형되었다” 리쾨르가 1955년 발간한 ‘역사와 진실’의 한 구절이다.

급진적인 프랑스 현대 철학의 주류에 반해 리쾨르의 연구는 성경과 텍스트로 틈입해 들어갔고 오히려 미국등지에서 큰 호응을 받았다. 리쾨르의 주요 저서 가운데 하나인 해석이론은 1973년 그의 강연을 모아 출간되었는데 구조주의와 해체주의라는 당대의 흐름과 거리를 두고 있는 리쾨르의 사상 궤적을 잘 드러내고 있다. 그러나 리쾨르는 프랑스의 알제리 지배에서부터 90년대의 보스니아 전쟁에 이르기 까지 모든 전쟁에 반대하는 것을 그의 철학적 실천으로 삼았다.

리쾨르 사망 소식이 알려진 후 프랑스 대통령 자끄 시락은 “타자에 대한 존중과 대화의 필요성에 대한 증명을 결코 멈추지 않았던” 철학자라고 헌사를 보냈다. 장 폴 구스타브 리쾨르는 1935년 시몬 르자와 결혼해 다섯 명의 자녀를 남겼다. 또한 리쾨르는 그의 장례식에 가족과 친구만 참석하라는 유언을 남긴 것으로 전해진다.
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balmas 2005-05-25 22:52   좋아요 0 | 댓글달기 | URL
오오, 감사합니다. 참세상에 기사가 실렸군요. ^_________^
제가 다시 페이퍼로 올리죠.

krinein 2005-05-26 01:34   좋아요 0 | 댓글달기 | URL
흠, 도스 책의 번역도 신뢰하기 어려운 편인가요? 강영안 선생님 서평 얘길 들으니 앞 200 여쪽은 나쁘지 않으나 뒤로 갈 수록 문제가 있다는 취지의 얘기를 하셨다고 합니다만.