bruit la fontaine

vous couteaux aiguisés de prière,
de blasphème, de prière,
de mon
silence.

Vous mes paroles, qui vous estropiez
avec moi, vous
mes paroles droites.

Et toi :
toi, toi, toi,
de vérité chaque jour plus vraie
écorché, mon plus-tard
des roses – :

Combien, ô combien
du monde. De
chemins.

Aile, tu es béquille. Nous ––

Nous chanterons la chanson d’enfant, celle,
entends-tu, celle
avec les « hom », avec les « mes », avec les hommes, oui, celle
avec la broussaille, avec
la paire d’yeux, qui restait prête là-bas :
larme-et-
larme.

Paul Celan, La Rose de Personne, traduction de l’allemand et postface de Martine Broda, édition bilingue, Points Poésie, 2007, p. 58 et 59



rauscht der Brunnen

Ihr gebet-, ihr lästerungs-, ihr
gebetscharfen Messer
meines
Schweigens

Ihr meine mit mir ver-
krüppelnden Worte, ihr
meine geraden.

Und du :
du, du, du
mein täglich wahr- und wahrer-
geschundenes Später
der Rosen–:

Wieviel, o wieviel
Welt. Wieviel
Wege.

Krücke du, Schwinge. Wir ––

Wir werden das Kinderlied singen, das,
hörst du, das
mit den Men, mit den Schen, mit den Menschen, ja das
mit dem Gestrüpp und mit
dem Augenpaar, das dort bereitlag als
Träne-und-
Träne.





Paul Celan dans Poezibao


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