Pascal Quignard
Prix Goncourt 2002 pour Les ombres errantes, auteur de romans à succès (Tous les matins du monde), d’essais érudits (Le sexe et l'effroi), musicien et scénariste, Pascal Quignard est l'invité de Laure Adler.
Depuis plus de trente ans, Pascal Quignard mène une réflexion originale autour du livre, de la langue et de la musique, puisant ses références moins dans la modernité que dans la culture gréco-latine, orientale et classique. Philosophe de formation, il commence par enseigner à l’université de Vincennes et à l'École pratique des hautes études en sciences sociales. Puis il rejoint le comité de lecture des éditions Gallimard, maison pour laquelle il occupe divers postes liés au service littéraire jusqu'en 1994. Depuis, il se consacre à l'écriture. Il a publié son premier livre, un essai sur Sacher Masoch, à l'âge de 18 ans, mais c'est surtout avec Le salon du Wurtemberg (1986), Les escaliers de Chambord (1989) et Tous les matins du monde (1991) qu'il se fait connaître. En 2000, il reçoit le grand prix de l'Académie française pour Terrasse à Rome alors qu'en 2002, son livre Les ombres errantes, premier tome du projet plus vaste Dernier royaume, est couronné du prix Goncourt.
Avec Laure Adler, Pascal Quignard évoque son parcours d'écrivain, parle de son amour de la lecture, de l'écriture, de son besoin de solitude, de son rapport au succès, à la notoriété, de son attachement à la musique, de ses livres passés (Le sexe et l'effroi, Tous les matins du monde) et de celui qui sort prochainement (Villa Amalia).
Biographie
Pascal Quignard est né en 1948 à Verneuil-sur-Avre dans une famille d'enseignants. Il grandit au Havre. Son enfance est difficile, il passe par des périodes d’« autisme » et d'anorexie. Adolescent, ses goûts se portent sur la musique, le latin, le grec et les littératures anciennes…
« Monsieur et Madame Quignard sont tous deux professeurs de lettres classiques. Le premier est issu d'une famille d'organistes d'origine wurtembergeoise et alsacienne tandis que le grand-père maternel, Charles Bruneau, est l'auteur, avec son homonyme Ferdinand Brunot, d'une fameuse Histoire de la langue française. "Ces grands connaisseurs de la langue vous piétinaient à la moindre faute". D'où la nécessité, pour se montrer à la hauteur, de maîtriser le français rapidement et dans ses plus fines subtilités. Quant au goût pour ce que Pascal Quignard nomme les "langues originaires", le latin et le grec, il lui vient des jeux étymologiques qu'affectionnait sa mère. "Il n'y avait pas un repas qui ne soit interrompu par des recherches dans les dictionnaires. C'était à la fois fascinant et un peu effrayant de voir les lèvres de ma mère prononcer des mots cabalistiques, des dérivations dépourvues de sens pour un enfant." Très vite, il est pris par une passion qui est restée la passion de sa vie : la lecture. Il se souvient de lui, vers quatre ou cinq ans, les pieds sur un petit établi, lisant Peau d'âne ou les Contes et légendes de la collection Hachette. "Comme les panoplies de mousquetaires, de cow-boys ou de centurions romains, c'était revêtir des mondes imaginaires." »
En 1968, il est étudiant en philosophie à Nanterre. Le Mercure de France publie son premier essai, consacré à Sacher Masoch en 1969, mais il faudra Le Salon du Wurtemberg en 1986 puis Les Escaliers de Chambord en 1989, pour révéler Pascal Quignard au grand public.
Il a enseigné à l’université de Vincennes et à l’École pratique des hautes études en sciences sociales. Il a fondé avec le président François Mitterrand le festival d’opéra et de théâtre baroque de Versailles.
Pascal Quignard a collaboré longtemps aux éditions Gallimard (lecteur extérieur à partir de 1969, puis membre du comité de lecture en 1976 et enfin en charge du secrétariat général du service littéraire, en 1990). En 1994, il a démissionné de toutes ses fonctions, pour se consacrer uniquement à son travail d’écrivain. Il déclare alors « Je suis plus heureux d’être libre et solitaire ». Le prix Goncourt 2002, obtenu pour Ombres errantes, a été perçu comme le couronnement d'une œuvre à mi-parcours.
Son œuvre, entre roman, essais philosophique, poésie est tout à fait inclassable. « Mais encore fallait-il donner une figure, et donc une forme, à défaut d'un nom, à ce projet d'écriture, à cette œuvre qui se cherchait. Toutefois, ce n'est pas à un repos, à une commodité que devait aboutir cette recherche. Elle attendait simplement la possibilité, l'autorisation que l'on se donne à soi-même de continuer, d'avancer, d'"errer" dirait Quignard. Cette forme ne pouvait donc être fixe ; elle ne voulait pas être un carcan, une limite, un enfermement, mais son exact contraire. Quignard connaît trop les séductions de la rhétorique pour y céder sans examen. De plus, l'attraction demeurait pour la fiction, les histoires et les fables, pour tout ce que la fantaisie invente en vue du plaisir et de l'inquiétude. Il était, ce désir, aussi fort et ancré que celui de la spéculation et de la réflexion philosophique. Aussi puissant que celui de l'érudition. Il était essentiel et urgent de ne renoncer à rien, ni à l'astronomie, ni à la mythologie, ni à la science préhistorique, ni à la philosophie chinoise, ni à la pensée arabe ni à l'art oratoire des Latins. Et surtout pas à la littérature. »
(extrait d'un article de Patrick Kéchichian, Le Monde, 27 septembre 2002)
Bibliomonde
24.02.06 A 23H05 : PERMIS DE PENSER
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Permis de penser #18
Pascal Quignard
Vendredi 24 février 2006 à 23h05
Une émission proposée et animée par Laure Adler
Co-production : ARTE France & MK2 TV - 2005 - 58 mn
Réalisation : Sylvain Bergère
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