La Corée du Nord affirme être libre de mener à bien ses essais mais accepterait des pourparlers avec les Etats-Unis.
L a Corée du Nord a affirmé mardi 20 juin avoir toute liberté pour mener à bien des essais de missiles, précisant que les pays étrangers n'ont aucun droit de critiquer ses projets, a rapporté l'agence de presse japonaise Kyodo. Mais selon un haut-diplomate cité par l'agence mercredi la Corée du Nord pourrait différer son tir d'essai de missile balistique en échange de l'ouverture de pourparlers avec Washington. Dans le même temps, le diplomate a rappelé le droit inaliénable de son pays à développer, déployer et procéder à des tirs d'essai.
A Paris, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a invité les Nord-Coréens à "écouter" l'inquiétude de la communauté internationale. "Nous sommes tous inquiets", a-t-il déclaré à l'issue d'un déjeuner avec le Premier ministre français Dominique de Villepin.
Citant une haut responsable du ministère nord-coréen des Affaires étrangères, l'agence Kyodo indique que Pyongyang ne s'estime pas tenu de respecter les précédents accords sur les essais de missile.
"Nos actions ne sont pas dictées par la Déclaration de Pyongyang, le communiqué conjoint annoncé lors des discussions à Six en septembre l'an dernier ou par toute autre déclaration", souligne ce responsable sous couvert d'anonymat.
Œuvrer pour la paix
Lors d'un accord conclu en septembre, les six pays participant à ces discussions (Corée du Nord, Corée du Sud, Chine, Japon, Russie et Etats-Unis) ne mentionnaient pas les tirs de missiles, mais s'engageaient à oeuvrer pour la paix dans la région. Pyongyang et Tokyo se sont mis d'accord en 2002 pour un moratoire sur les essais de missile.
Mercredi, un diplomate nord-coréen affirmait que ce moratoire ne liait son pays que lorsqu'il était en dialogue avec les Etats-Unis. "Certains disent que notre essai est une violation du moratoire, mais ce n'est pas le cas", a déclaré Han Song Ryol, numéro deux de la mission nord-coréenne aux Nations unies, selon l'agence de presse Yonhap.
"La Corée du Nord, en tant qu'Etat souverain, a le droit de développer, de déployer, de tester et d'exporter un missile", a-t-il ajouté.
Kofi Annan avait appelé mardi le régime de Pyongyang à "faire très attention à ne pas créer une situation plus compliquée encore sur la péninsule". "On doit faire attention à ne pas multiplier ce genre d'armes dans une région si sensible", a-t-il dit.
"Trouver une solution"
Le secrétaire général a renouvelé le soutien de l'ONU aux pourparlers à six pour "trouver une solution" concernant le désarmement nucléaire de la Corée du Nord. "J'espère que les leaders de la Corée du Nord vont écouter et entendre ce que le monde est en train de dire", a souligné Kofi Annan.
Dominique de Villepin a dit partager l'inquiétude du secrétaire général des Nations unies. "Si un tel essai de missile devait avoir lieu, il faudrait que la communauté internationale ait une réponse à la fois ferme et juste et bien sûr, que le Conseil de sécurité adopte les mesures indispensables", a ajouté le Premier ministre français.
"Il y va de la sécurité de la région et il y va également de la volonté de la communauté internationale de faire respecter par chacun ses obligations", a remarqué Dominique de Villepin. "La Corée du Nord a des obligations internationales.
Elles doivent être respectées", a conclu le Premier ministre français.
Imminence
La Corée du Nord a fait officiellement référence à son programme de missiles lundi, pour la première fois depuis qu'elle semble avoir entamé les préparatifs d'un essai de missile balistique à longue portée peut-être capable d'atteindre les Etats-Unis.
Selon les services de renseignements américains, le missile balistique Taepodong-2 a été chargé en carburant, une étape signalant l'imminence du tir. AP